
La rue Joseph Dijon est-elle une zone de non droit, comme l’affirment de nombreux riverains ?
Afin de prostester contre la prostitution qui se développerait dans les caves d’un restaurant de la rue Joseph Dijon, dans le 18e arrondissement de Paris, les riverains ont adressé une pétition au commissaire de police, à la mairie du 18e et au préfet de police. Afin d’enrayer ce phénomène, la Ville de Paris s’est récemment dotée d’une nouvelle instance de concertation.
Cette fois, les habitants de la rue Joseph Dijon, dans le 18e arrondissement de Paris, passent à l’action. Il ne s’agit plus seulement de râler contre les incendies, la saleté, ou les dealers de shit qui agiraient au vu et au sus de tous, mais de s’insurger contre des faits de prostitution qui se dérouleraient dans les caves d’un restaurant de la petite rue. Une soixantaine de riverain a adressé, vendredi 10 février 2012, un courrier et une pétition au commissaire de police de l’arrondissement, sans oublier une copie au maire du 18e et au préfet de police.
Les accusations portées contre l’établissement en question sont précises. La lettre évoque de fréquentes bagarres sur le trottoir, parfois à l’arme blanche. Et précise que « des hommes vont même jusqu’à tabasser des femmes dans la rue ». Ces incidents ont fait l’objet d’un appel à la police, le 11 janvier 2012, indique le courrier. Lequel souligne que le restaurant serait un lieu de rendez-vous pour la pratique de la prostitution. Les passes auraient lieu dans les caves de l’immeuble.
Non droit ?
Les habitants refusent d’être nommément cités. Ils craignent des représailles. « Comme beaucoup de résidents du 18e arrondissement, nous avons choisi cette partie de Paris pour l’animation et la gaité de ses quartiers, expliquent les pétitionnaires. Nous ne voulons pas des zones de non droit où règnent la violence, la peur et la pratique d’activités illégales. » Ils souhaitent que l’insécurité disparaisse, « au profit d’une vie de quartier qui soit réellement agréable au quotidien ».
La prostitution est une question récurrente dans les quartiers nord de Paris. Exaspérés, les riverains dénoncent régulièrement ce phénomène. Dans un communiqué publié jeudi 9 février 2012, la Ville de Paris rappelle « que la lutte contre la prostitution et le proxénétisme sont inscrits dans le Contrat parisien de sécurité signé le 3 mars 2009. » Sept arrondissements, dont le 18e, ont décliné cette thématique dans leur contrat de sécurité. La Ville entend agir « en complément de l’Etat, qui a une prérogative de plein droit sur cette question ».
Prévention
Pour être efficace, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a mis en place une instance de coordination parisienne réunissant la Préfecture de police, le Parquet, les maires d’arrondissement concernés et les associations qui aident les prostituées. Une première réunion s’est tenue, jeudi 9 février 2012, en présence notamment de Myriam El Khomri, adjointe chargée de la prévention et de la sécurité (et élue du 18e) et du chef de la Brigade de répression du proxénétisme.
Actions de prévention ciblées, mise en réseau des acteurs concernés, diagnostic commun sur « la situation prostitutionnelle à Paris », mise à l’abri des victimes de réseaux de prostitution, « meilleure application de l’article 316.1 du Code pénal permettant la régularisation des victimes prostituées dénonçant un réseau », figurent parmi les premiers objectifs définis au terme de cette réunion. Car, rappelle en particulier la Ville, « une réponse doit être apportée à l’exaspération des Parisiens s’agissant notamment de certaines formes de prostitution de rue ». Sur le constat, tout le monde est d’accord.
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